17.3.07

Antimanuel, mais pas antimédecine

Je suis en train de lire l'Antimanuel de médecine de Jean-Paul Escande (ceci après avoir entendu JP Escande sur Reichman TV). C'est évidemment le chapitre "Etatisme ou libéralisme" qui a retenu mon attention, avec cette réflexion lucide de l'illustre professeur :
Aucun débat sérieux sur l'origine des fonds alimentant la Sécurité sociale n'est jamais organisé. Pour le public, les prélèvements sont une fatalité. Personne, ou presque, ne se demande s'il pourrait utiliser autrement l'argent qu'on lui prélève. Chacun, en revanche, est convaincu qu'en cotisant, il ouvre pour lui un compte qui ne sera jamais débiteur. Personne, ou presque, ne se soucie de dépenser trop, même si la dépense des "autres" lui paraît souvent abusive et antisociale.
Escande a un grand talent pour exposer les problèmes sous tous leurs angles. On peut seulement regretter qu'en "républicain oecuménique" il prenne l'avis de tout le monde, développe les arguments pour et contre (thèse, antithèse) mais ne prenne pas position lui-même, et se limite à une synthèse du genre : "voilà un grand défi pour notre époque".

Cependant, ses "textes choisis" sont en général originaux et bienvenus : ainsi, il laisse s'exprimer sur pas moins de 3 pages le "point de vue très partisan" de Claude Reichman, avec le texte suivant : "le triomphe de la liberté sur la dictature sociale".

Notre point de vue de libéraux est évidemment qu'il n'y a pas besoin d'un mécanisme spoliateur tel que la Sécurité sociale, et qu'il faut revenir à ce qui existait bien avant la collectivisation de la santé : les assurances, la mutualité, les solidarités privées (familiales, locales, professionnelles).

Escande, lui, ne prend pas parti, mais a le mérite de soulever les problèmes. Il propose également des solutions originales, voire iconoclastes, comme l'hospitalisation à l'heure, qui aurait le mérite de réduire les pertes de temps dans les hôpitaux et le gaspillage fabuleux qui en résulte - mais qui risque bien de monter contre elle le corps médical et les mandarins "dont le conservatisme a la solidité et la fertilité du béton". Tiens, ci-dessous un petit dessin représentant un mandarin dans l'exercice de ses fonctions...

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